THE GOUTTE D'OR | MARTIN PARR | INSTITUT DES CULTURES D'ISLAM



En ce moment et jusqu'au 2 juillet prochain, l'Institut des Cultures d'Islam expose à Paris une trentaine de photographies signées Martin Parr. Le photographe anglais propose, à travers ces clichés, de dresser un portrait décalé du quartier de la Goutte D'or, secteur nord de la capitale qui, pour certains, a plutôt mauvaise réputation. 

Martin Parr livre donc, dans un style qui lui est désormais familier, une vision enchantée d'un quartier métissé où il fait bon vivre, à l'image des couleurs vives qui s'impriment sur sa pellicule. Le ton est donné, on pénètre un arrondissement dynamique, où tradition et modernité co-habitent sans difficultés.










L'exposition n'est pas très grande, mais en accès libre et plutôt bien conçue. Les photos de Martin Parr sont toujours agréables à regarder, faites de détails ironiques, d'humour et d'une certaine tendresse. 
Et, c'est justement ce partis pris des images de Parr qui m'interpelle. Pourquoi avoir fait appel à ce photographe en particulier ? L'institut des Cultures d'Islam est un établissement culturel de la ville de Paris, et est donc en lien étroit avec les politiques publiques décidées place de l’Hôtel de Ville. Quand on s'intéresse au battage qui a été organisé autour de cette exposition, on comprend tout de suite que la ville a souhaité que cette exposition soit vue tant que possible, alors que bien d'autres expo sont organisées en ce moment même (comme celle sur la Commune de Paris dont je parlerais plus tard).

Martin Parr se vante d'avoir pu photographier des lieux et des individus que l'on a pas forcément l'occasion de voir habituellement (notamment les femmes à la Mosquée), et on peut donc se féliciter qu'il est réussi à instaurer suffisamment de dialogue et de confiance pour arriver à ses fins (documentaires). Pourtant, est-ce que se sont vraiment les habitants de la Goutte d'Or qui profitent les premiers de ce dialogue et des échanges nés autour du projet ? Le choix de proposer à Martin Parr cette résidence dans un secteur populaire de Paris apparait comme une sorte d'étape supplémentaire vers une gentrification bien amorcée du quartier... 
Les photos de Martin Parr détournent la réalité, la sublime et la transforme. C'est une exposition qui s'adresse avant tout à ceux qui connaissent déjà son travail, apprécient et partagent sa vision. Les habitants ne deviennent au final que les supports d'une communication établie en plus haut lieu, et dont le travail de Martin Parr affiche les caractéristiques adéquates : ses images font venir ceux qui hésitaient encore à franchir le boulevard Barbès, et préparent le terrain pour la reconquête d'un quartier historique jusqu'ici délaissé ...

En témoigne, enfin, cette exposition à la Marie du XVIII ème,  La Métamorphose Urbaine, dont le communiqué de presse ne laisse pas vraiment planer de doutes : 

Cette exposition vous emmènera sur les pas de cette lutte contre l'insalubrité : du relogement des familles jusqu'aux moyens d'actions mis en place pour éradiquer ce fléau qui rongeait l'habitat parisien.
Elle a également vocation à présenter les trois grands quartiers dont le visage a le plus changé. Au commencement de cette immense restructuration, le secteur Château- Rouge / La Goutte d'Or concentre le plus d'opérations. Aujourd'hui, la revitalisation de ce quartier populaire est sur le point d'être achevée. Un peu plus loin, le quartier Amiraux / Simplon / Poissonniers s'est largement transformé pour se doter d'un véritable cœur de quartier. A la Chapelle, les premiers changements offrent un avant-goût des transformations d'envergure à venir.
Le nouveau visage architectural du 18e sera ainsi présenté à travers une série de photos avant/après et des images des dizaines d'opérations réalisées depuis 2001.
A Paris, toutes les nouvelles constructions répondent aux critères du Plan Climat. Au delà, du respect de l'environnement, le développement durable s'inscrit dans une démarche globale qui inclut d'autres éléments fondamentaux comme la mixité sociale. Dans le 18e, trois opérations particulièrement exemplaires en la matière ont été menées.
A travers cette exposition, nous souhaitons donc faire découvrir les multiples facettes d'une architecture contemporaine judicieuse, parfois très audacieuse, mais toujours respectueuse des différents quartiers qu'elle réinvente.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Bien d'accord.

Bertand Delanoë a dit…

j'avoue

policier a dit…

usurpation = procès