SOMEWHERE TO DISAPPEAR | MAS FILMS & JSBJ



On peut enfin voir "Somewhere to Disappear",  le documentaire d'Arnaud Uyttenhove et Laure Flammarion consacré au travail d'Alec Soth ! On se rappelle toutes les difficultés qu'il y avait pour assister aux rares projections françaises (et à leurs horaires parfois absurdes), et bien tout ceci est fini, grâce à MAS Films et JSBJ qui viennent en effet de co-produire sa version dvd. 

Ce film d'un peu moins d'une heure emmène le spectateur au plus près du travail de Soth (prononcé comme "both") et permet de découvrir l'envers du projet "Broken Manual", lorsque le photographe de Magnum parcourait les États-Unis à la rencontre de ceux qui choisissent de vivre reclus, aux marges de la société, de "disparaitre".




Il y a deux choses dans ce projet : le film et l'objet édité. 

Le documentaire est vraiment intéressant en ce qu'il permet de voir un professionnel "au travail", sur son propre terrain. C'est sans doute une remarque un peu geek, étant à titre personnel sensible à ce genre de choses, mais je crois malgré tout que peu de documentaires témoignent aussi bien de la façon dont ces artistes travaillent. En général, on a droit à une énième compilation des meilleurs clichés ou de "l’œuvre" d'un photographe, lui-même assis dans un fauteuil et qui livre des commentaires rétrospectifs sur sa carrière.

Somewhere to Disappear est différent, et les deux réalisateurs sont littéralement embarqués avec Soth sur les routes US. 

Ce qui est aussi assez incroyable quand on connait le travail de Soth, c'est de voir les modèles de ces photographies se mettre à bouger et à parler ! Le film retrace en effet de nombreuses rencontres et certains personnages sont devenus (malgré eux) des figures emblématiques de son travail. C'est notamment le cas avec un individu (suprématiste) qui vit dans une grotte, et dont la photo le présentant nu est aujourd'hui très connue : 



   

On regrettera malgré tout une écriture un peu répétitive, sans véritable début ni fin. Les rencontres s'enchainent à grande vitesse et donne l'idée d'une quête évidente, linéaire. 
Le film s'achève comme il a commencé, sur la route, et je trouve dommage qu'on n'y retrouve pas l'idée d'une véritable fin, celle d'un projet achevé.

On passe aussi trop brièvement sur des groupes ou individus singuliers qu'il aurait été intéressant d'entendre. Je pense à ce groupe de "hobos", à moitié hippies-rastas, et que l'on ne fait qu'entrevoir quelques secondes. 

Il y a aussi un gros souci de son, qui oblige à mettre le volume à fond. Je ne sais pas s'il s'agit d'un problème technique propre à mon matériel, mais j'ai trouvé ça plutôt étonnant.

Ces remarques ne doivent en rien laisser penser que ce documentaire ne vaut pas le coup ! Je trouve le projet plus qu'intéressant et je me mets à la place de Laure et Arnaud qui ont du vivre des choses incroyables aux cotés d'Alec Soth. 







Le design du dvd a été confié à JSBJ, qui signe ici son dernier projet sous ce nom. Édité à seulement 600 exemplaires, le package en carton sérigraphié est très réussi, et la couverture typo du plus bel effet. 

C'est un bel objet qui laisse toutefois planer un léger vide après ouverture...  en effet, une fois déplié, le carton laisse place à un cd blanc accompagné d'une publication de 20 pages sur papier journal et d'un tirage photo (dont je ne suis personnellement pas fan de la finition très brillante, en décalage avec le coté brut du packaging).

Je ne prétends pas qu'il "manque" des choses, mais le format et le pliage du carton font que cet intérieur paraisse quelque peu démesuré. 

Le journal, imprimé en quadri mais qui ne présente pourtant qu'une image couleur, est fait de captures extraites du film lui-même ou de photographies signées des réalisateurs.


Il ne fait aucun doute que ce projet sera prochainement épuisé. Je Suis Une Bande de Jeunes a l'exclusivité de sa distribution et seuls quelques exemplaires seront disponibles dans leurs points de ventes habituels. 

Le dvd coûte 30 euros + port.
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